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instinctive qu’au moment de la chute il m’attrapa et me serra sans vouloir me lâcher. Nous étions tous deux « knocked out », et lorsqu’il se remit de son émotion, il tenait toujours dans ses bras un vagabond doux comme un agneau.

Si ce taureau avait été doué de quelque imagination, il m’aurait pris pour un voyageur tombant des nues, débarquant directement de la planète Mars, car dans la nuit il ne m’avait pas vu sauter du train.

— D’où viens-tu ? me demanda-t-il. Puis, sans me donner le temps de répondre : J’ai bien envie de te fourrer au violon.

Cette dernière phrase, j’en suis convaincu, lui était venue tout naturellement. Au fond, c’était un brave taureau ; lorsque je lui eus raconté une histoire de mon cru et l’eus aidé à secouer la poussière de son uniforme, il m’ordonna de quitter la ville au passage du prochain train de marchandises. Je stipulai deux conditions : d’abord, que le train allât vers l’Est, et ensuite, qu’il ne fût pas direct, avec toutes portes fermées et scellées. Le policier acquiesça à mon désir, et voilà comment, aux termes du traité de Bristol, j’échappai à la prison.