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pressé, mais j’avance comme un escargot afin de ne pas éteindre ma lanterne. Dès que je dépasse les limites de la juridiction municipale, je pédale à toute vitesse pour rattraper le temps perdu. Huit cents mètres plus loin, un « taureau » me pince et le lendemain matin je dois payer une amende au bureau de police. La cité avait traîtreusement reculé ses portes d’un kilomètre dans la campagne et je l’ignorais, voilà tout !

Usant de mon droit inaliénable de parler librement au milieu de gens paisibles, je monte un jour sur une caisse à savon et laisse échapper les abeilles qui bourdonnent sous mon chapeau, lorsqu’un « taureau » me fait descendre et me conduit en prison, d’où je ne sortis qu’après avoir déposé une caution. Toutes mes précautions ne servent à rien. En Corée, je me faisais ramasser à peu près tous les deux jours. De même en Mandchourie. Pendant mon dernier séjour au Japon, je fus jeté en prison sous l’inculpation d’espionnage. Je parvins à me justifier, mais on me mit tout de même à l’ombre. Ma situation est sans issue. Je suis voué au sort du prisonnier de Chillon. La fatalité me poursuit.