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descendit sur le sommet de mon crâne. Je vacillai comme un ivrogne, les visages des spectateurs montaient et descendaient autour de moi comme les vagues de la mer, mon précieux livre tomba dans la boue et le flic s’apprêtait à m’administrer un autre coup. Dans cet instant d’étourdissement, j’eus une vision : cette matraque s’abattait plusieurs fois sur ma tête ; je comparaissais, sanglant et humilié, devant un tribunal, accusé d’insubordination, d’insultes à un gardien de l’ordre et de quelques autres méfaits, lus par un greffier. Je me vis aussi exilé à l’île Blackwell. Oh ! je savais ce qui m’attendait. Je ne m’inquiétai plus de recevoir des explications. Je ne pris même pas la peine de ramasser mon livre et tournai les talons. Je m’enfuis, à toutes jambes, encore que je fusse mal en point.

Jusqu’au jour de ma mort je me mettrai à courir dès qu’un « taureau » voudra parlementer avec moi à coups de matraque.

Longtemps après mes jours de vagabondage, à l’époque où j’étudiais à l’Université de Californie, un soir j’allai au cirque. Après la représentation, je m’attardai à suivre le déménagement de ce grand cirque