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le trottoir du côté du parc, avec une cinquantaine d’autres badauds, éparpillés çà et là. Je vis le policeman, un fort gaillard vêtu d’un uniforme gris, avancer au milieu de la chaussée, sans se presser, presque en se dandinant. Par hasard, je remarquai qu’il avançait obliquement vers le point où je me rendais en ligne droite. Nous allions fatalement nous croiser, mais je me sentais si innocent, qu’en dépit de mon expérience sur les procédés des « taureaux », je ne redoutais rien de cet homme dont j’étais à cent lieues de deviner les intentions. Par respect pour l’autorité, j’étais tout disposé à m’arrêter pour lui céder le pas. Je m’arrêtai en effet, mais involontairement : ce fut une halte à reculons. Sans avertissement, ce « taureau » s’était soudain précipité sur moi et ses deux poings s’abattaient sur ma poitrine, tandis qu’il déversait un flot d’injures sur ma généalogie.

Mon sang d’Américain libre ne fit qu’un tour dans mes veines. Tous mes ancêtres assoiffés d’indépendance se révoltaient en moi. « Que me voulez-vous ? » demandai-je. Remarquez-le bien : je désirais une explication. Il me l’octroya. Bang ! Sa matraque