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ne vous reviennent pas. Fuir à toutes jambes, voilà la seule tactique à adopter. Je fus assez long à le comprendre. C’est un « taureau » de New York qui paracheva mon éducation sur ce point. Depuis, dès qu’un de ces gaillards-là se dirige vers moi, automatiquement je déguerpis. Cet acte m’est devenu si naturel que je n’arriverai jamais à m’en débarrasser. On dirait un ressort monté à fond et prêt à se détendre au moment voulu. Vieillard de quatre-vingts ans, clopinant dans la rue sur des béquilles, j’enverrais les béquilles au diable et filerais comme un zèbre, si soudain un policeman essayait de mettre la main sur ma personne.

Ceci se passait un jour d’été à New York, durant une vague de chaleur qui dura une semaine. J’avais pris l’habitude de mendier le matin et de passer l’après-midi dans un petit parc non loin de Newspaper Row et de l’Hôtel de Ville. Dans ces parages je pouvais acheter, sur de petites voitures, moyennant quelques cents, des livres nouveaux soldés pour défauts de fabrication ou de reliure. Dans le parc même se dressaient des petites baraques où l’on se procurait du lait stérilisé et délicieusement