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l’espoir que nous nous étions peut-être joués de lui et qu’à présent nous allions lui verser notre rançon.

Alors je cessai de contenir mon indignation. À mon tour je le traitai de saligaud et lui renvoyai ses propres insultes, augmentées d’injures fortes et colorées de mon cru. Je venais de l’Ouest, où les hommes savent jurer, et je n’allais pas me laisser damer le pion par ce galeux de garde-frein, crânant sur un vulgaire tortillard de la Nouvelle-Angleterre. Tout d’abord il crut me calmer en riant à gorge déployée. Puis il commit l’erreur de riposter. Je sortis alors de mes gonds et tranchai dans le vif, lui lançant des épithètes enflammées. Ma frénésie ne tenait pas entièrement du caprice et de la littérature ; je me révoltais contre cet être vil qui, faute d’un dollar, allait m’astreindre à trois mois de bagne. De plus, j’avais quelque idée qu’il touchait encore une part sur la prime du constable.

Mais je pris ma revanche. Je lui rabattis son arrogance pour une valeur de plusieurs dollars. Il voulut m’intimider en me menaçant de venir m’arracher les boyaux. En retour, je lui promis mon pied en pleine