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Suppose un moment, aimable lecteur, que la porte de gauche ait été fermée ; réfléchis à la précarité de le vie humaine. Faute d’un dollar, j’étais bon pour les carrières et durant trois mois j’aurais trimé comme un esclave. De même le chat gai. Ne parlons pas de moi, je savais à quoi m’en tenir. Mais songe à mon compagnon. Après ces quatre-vingt-dix jours de labeur abrutissant, il serait sorti de prison, voué à une vie criminelle. Plus tard, il aurait pu te briser le crâne, – oui, le tien ! ou celui de quelque inoffensive créature – avec une matraque, pour essayer de prendre possession de ton argent.

Mais l’autre porte n’était pas fermée et moi seul le savais. Moi et mon compagnon nous implorâmes la pitié du garde. Je joignis mes lamentations et mes supplications à celles du chat gai, sans doute par simple malignité. Je fis mieux encore : je racontai une « histoire » qui aurait fait fondre le cœur le plus dur, mais ce garde cupide demeura inflexible. Quand il fut persuadé que nous ne possédions pas un sou, il fit glisser la porte et la ferma au loquet, puis s’attarda tout de même un instant dans