Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

Si tu te fais arrêter, tu n’y coupes pas pour au moins quatre-vingt-dix jours. » Quand je franchis le New-Hampshire, je savais parfaitement à quoi m’en tenir au sujet de ce bagne, et je me débattis, comme jamais auparavant, pour éviter les gardes-frein, la police des gares et les « taureaux ».

Un soir, je descendais dans les chantiers de la gare de la ville de Concord, quand j’aperçus un train de marchandises en partance. Je repérai un fourgon vide, ouvris la porte de côté et y grimpai… J’espérais passer la White River au matin, ce qui m’amènerait dans le Vermont, à un millier de kilomètres environ de Ruthland ; mais ensuite, comme je me dirigeais vers le Nord, la distance entre moi et le danger ne ferait qu’augmenter. À mon entrée dans le wagon, j’y trouvai un « chat gai » qui manifesta à ma vue une frayeur extraordinaire. Il me prenait pour un garde-frein. Quand il apprit qu’il avait affaire à un vagabond comme lui, il m’avoua qu’il éprouvait une peur terrible des carrières de Ruthland. C’était un jeune gars de la campagne, et il n’avait encore voyagé en fraude que sur des petites voies d’intérêt local.