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les vagabonds qu’ils arrêtent. Ceux-là n’ont pas besoin de courir. Ils sifflent et le gibier leur tombe pour ainsi dire dans le bec. Il est surprenant que de pauvres diables sans le sou puissent faire vivre tant de gens !

Dans toute la région du Sud – du moins à l’époque où j’étais sur le trimard – on rencontre des camps de convicts et des plantations où les prisonniers travaillent pour les fermiers qui les paient. Mais j’ai ouï parler d’endroits, comme par exemple les carrières de Ruthland, dans le Vermont, où ces malheureux sont exploités, et l’énergie insolente de leurs corps, entretenue par la mendicité aux portes ou dans la rue, épuisée au profit de ces négriers.

Personnellement, je ne connais pas du tout les carrières de Ruthland, et je m’en flatte, car je faillis bien y être embauché. Les vagabonds se passent le mot, et je l’entendis pour la première fois un jour que je cheminais dans l’Indiana. Arrivé dans la Nouvelle-Angleterre, continuellement je fus mis en garde contre ces carrières que tous considéraient comme une infâme punition. « Ils ont besoin de main-d’œuvre aux carrières, disait le hobo en passant.