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courant, s’étaient entassées de la façon la plus inextricable. Nous nous frayâmes un chemin dans cette flotille échouée aussi facilement qu’une salamandre passe à travers le feu. On ne pouvait éviter les rochers, les bancs de sable et les troncs d’arbres… Nous les franchîmes.

Un, deux ! un, deux ! bateau de tête, bateau de queue ! bateau de queue, bateau de tête ! Tout le monde en arrière ! Tous en avant ! et encore en arrière ! Cette nuit-là, nous campâmes seuls et le jour suivant nous flânâmes dans notre camp, tandis que les autres s’occupaient à réparer les avaries de leurs bateaux.

Impossible de mettre un frein à notre ingéniosité. Nous gréâmes un mât, hissâmes la voile (en l’espèce, des couvertures), ce qui nous permit d’accomplir en un rien de temps le trajet, alors que l’armée s’échinait pour nous rattraper. Le général Kelly, voulant avoir l’œil sur nous, eut recours à la diplomatie. Aucun bateau ne pouvait nous suivre. Nous étions, sans conteste, les plus fortes têtes qui eussent jamais descendu le fleuve de Des Moines. Les bateaux-policiers furent supprimés et on mit à notre