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En attendant, les dix individualistes forcenés conservaient leur avance et ramassaient tout ce qui s’offrait de bon à leur vue. Mais le général Kelly déjoua notre ruse. Il dépêcha des cavaliers le long de chaque berge pour mettre en garde les fermiers et les citadins contre notre arrivée. Cette mission fut admirablement remplie. Les fermiers, jusqu’ici très hospitaliers, nous firent un accueil glacial. De plus, lorsque nous nous attardions près de la rive, ils donnaient des ordres aux constables de lancer leurs chiens à nos trousses. J’en sais quelque chose. Un jour je fus surpris par deux de ces molosses devant une barrière de fils barbelés qui me séparait du fleuve. Je portais deux seaux de lait pour préparer la « Vienne pâle ». Je n’endommageai pas la clôture, mais nous dûmes boire du café plébéien préparé avec de l’eau vulgaire, et il me resta à mendigoter un nouveau pantalon. Essayez donc, aimable lecteur, d’escalader une telle barrière avec un seau de lait dans chaque main ! Depuis ce jour j’ai conservé un parti pris contre le fil de fer barbelé et je pourrais vous fournir des renseignements édifiants sur ce sujet.