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on nous les remettait. Il n’y avait rien de mesquin dans notre façon d’agir : jamais nous n’enlevions plus que nous ne pouvions emporter. Mais nous raflions le meilleur. Par exemple, si quelque fermier philanthrope avait fait un don de tabac d’une valeur de plusieurs dollars, nous enlevions le tout, de même le sucre, le beurre, le café et les conserves ; mais si l’on nous offrait des sacs de haricots et de farine, ou deux ou trois veaux tués, résolument nous nous abstenions et continuions notre route, non sans avoir laissé des ordres de délivrer ces denrées aux bateaux de l’intendance qui devaient nous suivre.

Dieu ! que nous vivions grassement dans cette contrée d’abondance ! En vain le général Kelly essaya-t-il de nous dépasser. Il envoya deux rameurs dans une légère barque à coque ronde, pour nous rattraper et mettre un terme à nos pirateries. Ils nous rejoignirent, en effet, mais ils étaient deux contre dix. Ils nous déclarèrent que le général leur avait ordonné de nous faire prisonniers. Devant notre refus de nous laisser emmener, ils filèrent jusqu’à la ville suivante pour réclamer l’aide des autorités. Aussitôt nous