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à Keokuk, sur le Mississipi, coule le fleuve Des Moines, sur une longueur de cinq cents kilomètres. Munis d’une bonne cargaison flottante, nous pouvions naviguer, affirmait le génie local, et poursuivre notre route sur le Mississipi jusqu’à l’Ohio, et gagner Washington après un court portage par-dessus les montagnes.

La ville de Des Moines ouvrit une souscription. De généreux citoyens y participèrent pour plusieurs milliers de dollars. Du bois, des cordages, des clous et de l’étoupe pour calfater furent achetés en quantités considérables et, sur les rives du fleuve Des Moines, on inaugura un formidable chantier de constructions navales. Or, le fleuve Des Moines est un méchant cours d’eau, indûment élevé à la dignité de « fleuve ». Dans notre immense pays de l’Ouest, on appellerait ça un « ruisselet ». Les plus anciens habitants branlaient la tête en déclarant que jamais nous ne pourrions naviguer sur ce fleuve, qu’il n’y avait pas assez d’eau pour nous porter. Les autorités de Des Moines n’en avaient cure ; l’essentiel était de se débarrasser de nous ; et nous étions nous-mêmes des optimistes si gras et si prospères que