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repas par jour, quarante-deux mille par semaine, et cent soixante-huit mille pour le mois le plus court du calendrier. Cela dépassait les bornes. Nous n’avions pas un sou vaillant : à la population de se débrouiller pour nous ravitailler !

La ville était affolée. Nous flânions dans le camp, nous discutions politique, nous donnions des concerts religieux, nous arrachions des dents, jouions au base-ball, et engloutissions nos six mille repas par jour, aux frais de Des Moines. La municipalité supplia la compagnie de chemin de fer de lui venir en aide, mais celle-ci demeura inexorable ; elle avait décrété qu’elle ne nous prêterait pas de train : c’était son dernier mot. Elle ne voulait, sous aucun prétexte, créer un précédent. Cependant nous continuions à manger. La situation devenait terriblement critique. Nous voulions aller à Washington et Des Moines serait tenu d’ouvrir un emprunt pour payer nos billets, même à un tarif spécial, et, si nous séjournions plus longtemps, de recourir à un autre emprunt pour nous nourrir.

Alors un homme de génie trancha la difficulté. Nous refusions de partir à pied. Fort bien. Nous irions en bateau. De Des Moines