Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

je. Il est connu là-bas comme le loup blanc. Voilà quarante ans qu’il vit à Shanghaï. Eh bien, il y est toujours !

Alors s’opéra le miracle. Le matelot se souvenait de Billy Harper. Peut-être existait-il un Billy Harper, et peut-être habitait-il Shanghaï depuis quarante ans et y vivait-il encore ; pour moi, c’était la première nouvelle.

Pendant une bonne demi-heure le marin et moi nous bavardâmes de cette façon. Enfin il annonça au policeman que je n’étais pas un imposteur. Après une nuit d’hébergement et un déjeuner, je fus relâché le lendemain matin et continuai mon chemin vers l’Ouest, à la recherche de ma sœur mariée à San Francisco.

Me voilà un peu loin de la femme de Réno qui m’avait ouvert la porte au crépuscule. Dès que j’aperçus son visage rayonnant de bonté, j’entrai dans mon rôle. Je devins un garçon doux, innocent, malheureux. Impossible de parler. J’ouvrais la bouche et la refermais sans proférer un seul mot. De ma vie je n’avais encore mendié mon pain. Mon extrême embarras était pénible à voir. Je pliais sous le poids de la honte. Moi qui considérais