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électrique, un passant traverse la rue de biais. Sa démarche est hésitante. Les vagabonds ont vite fait de flairer le gibier : c’est encore un pochard. Il fait des embardées en montant sur le trottoir d’en face et se perd dans l’obscurité. Sans proférer le moindre cri, la bande se précipite à la poursuite de l’homme qu’elle rejoint au milieu d’une sorte de maquis. Mais que vois-je ? Des formes bizarres et hurlantes, ramassées et confuses, s’interposent entre la meute et sa proie. C’est un autre clan de gosses du rail. Dans la minute suivante, ils revendiquent leur gibier. En effet, ils pourchassent l’homme depuis une douzaine de pâtés de maisons et nous venons d’entrer en collision avec eux. Monde primitif où ces loups sont des louveteaux. De fait, je ne crois pas qu’un seul d’entre eux ait plus de douze ou treize ans. Quelque temps après je leur parlai ; ils m’apprirent qu’ils venaient ce jour même de passer la montagne et arrivaient de Denver et de Salt Lake City.

Notre bande se jette en avant. Les jeunes loups hurlent et se battent comme des petits démons. Tout autour du poivrot la lutte fait rage entre les deux camps. L’homme s’effondre au centre de la mêlée et le combat se