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terrorisé et échevelé, remuant bizarrement la tête et le cou.

Tout comme la mouche est la nourriture favorite de l’araignée, les ivrognes sont la proie favorite des gosses du rail. Pour eux, dévaliser un poivrot s’appelle « rouler un cadavre », et partout ils guettent ce genre de gibier facile. C’est parfois un spectacle divertissant, particulièrement lorsque l’intervention de la police n’est pas à redouter. Au premier assaut, l’argent et les bijoux de l’ivrogne sont raflés. Puis les vagabonds tiennent autour de leur victime une sorte de conseil de guerre. S’il prend à l’un d’eux la fantaisie de posséder la cravate du « cadavre », il la lui arrache. Un autre désire-t-il la chemise et le caleçon ? Vite il les lui enlève et avec un couteau raccourcit les bras et les jambes. On appelle parfois d’autres copains-vagabonds pour qu’ils s’emparent du paletot et du pantalon, trop grand pour les gosses du rail, qui, enfin, s’en vont en abandonnant à côté du pochard les haillons dont ils ne veulent pas.

Une autre vision se présente à mon esprit. C’est par une nuit noire. La bande à laquelle j’appartiens longe un trottoir dans une ville de banlieue. À quelque distance, sous un bec