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par terre, sous le tas de vagabonds. Kid-le-Barbier change alors de position, mais sans lâcher sa proie. Tandis que certains fouillent l’individu, les autres lui tiennent les jambes pour l’empêcher de ruer. Pour plus de sûreté, ils déchaussent l’homme, vaincu à présent. Le « bras fort » le serre à la gorge. Il pousse de petits cris étouffés et les gosses poursuivent leur besogne. Mais ils n’ont aucune envie de le tuer.

Maintenant tout est fini. À un mot d’ordre, les étreintes se relâchent et les gosses s’éparpillent à la ronde. L’un d’eux emporte les souliers, il sait où il pourra en obtenir un demi-dollar. L’homme, assis sur son séant, regarde autour de lui d’un air ahuri. Il est hors de combat. Même s’il voulait la risquer, une poursuite pieds nus dans l’obscurité ne lui donnerait aucun résultat.

Je m’attarde un instant. Le malheureux se tâte la gorge, émet des bruits secs, graillonnants, et hoche la tête à coups saccadés, comme pour s’assurer que son cou n’est pas disloqué. Je m’éloigne furtivement pour rejoindre la bande et fuir le spectacle de cet homme, mais je le reverrai toujours, assis là sous la lueur des étoiles, quelque peu étourdi,