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J’aperçois un robuste journalier aux prises avec une bande de gosses du rail. Furieux, pas un brin effrayé et confiant en sa force, il les couvre d’injures. C’est un rude gaillard qui pèse au moins cent quatre-vingts livres et dont les muscles sont durs comme de l’acier ; mais il ne se doute pas du sort qui l’attend. Les vagabonds hurlent, se ruent de tous côtés à la fois, tandis que l’homme frappe à droite et à gauche en virevoltant sur lui-même.

Kid-le-Barbier, qui se trouve à deux pas de moi, bondit en avant et applique son genou dans le dos de l’homme, lui passe son bras droit autour du cou, l’os du poignet pressant la veine jugulaire ; puis il se lance en arrière de tout son poids, coupant ainsi, de ce puissant levier, la respiration du pauvre diable. Voilà ce qu’on appelle le coup du « bras fort ».

L’homme résiste, mais il est pour ainsi dire immobilisé. Les gosses du rail fondent sur lui de toutes parts, s’accrochent aux bras, aux jambes et au corps de leur victime comme des loups attaquant un élan. Kid-le-Barbier se pend au cou du bonhomme et continue à tirer par-derrière. L’autre s’effondre