Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout à coup, au coin de la rue derrière moi, surgit le Chinois, nu-tête, accompagné de deux autres compatriotes et d’une demi-douzaine d’individus. Je filai jusqu’au prochain tournant, traversai la chaussée et m’engageai dans une ruelle. Persuadé, cette fois, d’avoir déjoué le Fils du Ciel, je me remis à marcher d’un pas modéré. Mais, sur mes talons, quelques secondes plus tard, arrivait de nouveau le tenace Mongol. C’était la vieille histoire du lièvre et de la tortue. Il ne pouvait courir plus vite que moi, mais il continuait à me poursuivre de son pas lourd et me lançait des imprécations qui lui coupaient le souffle.

Il appelait tout Sacramento pour être témoin de son déshonneur ; une bonne partie de la ville s’attroupait derrière lui. Je détalais comme le lièvre et cette opiniâtre tortue mongole, suivie de la populace qui augmentait sans cesse, perdait du terrain. Finalement, lorsqu’un policier eut rejoint le groupe, je m’enfuis à toutes jambes. Je fis des zigzags, embrouillai ma piste, et d’une traite je couvris la longueur d’au moins vingt pâtés de maisons.

Jamais plus je ne revis mon Chinois. Son