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place. La douzaine d’entre nous qui essayions de grimper eût préféré agir sans bruit, mais nos quarante amis s’attroupèrent avec la plus stupéfiante ostentation. Suivant le conseil de Bob, je m’installai prestement sur le « pont » d’un des wagons.

Je m’allongeai et, le cœur battant, attendis les événements. Les employés du train se trouvaient en tête. En un clin d’œil, mes compagnons furent brutalement jetés au fossé !

Lorsque le convoi eut parcouru huit cents mètres, les gardes-frein revinrent à la charge et firent descendre ceux qui s’étaient raccrochés. Moi seul remportais la victoire complète !

Tel fut mon baptême du Rail.

Deux ans après, les hasards de la route me mirent de nouveau en présence de Kid-le-Français. Le malheureux, ayant glissé du train, avait eu les deux jambes coupées. Il insista pour me montrer ses moignons et je ne pus lui refuser ce plaisir. Il est curieux de constater, en effet, que les estropiés aiment à exhiber leurs misères. La rencontre de deux amputés, sur le trimard, ne manque jamais de pittoresque ; leur détresse commune