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fixâmes notre bateau à un quai. L’eau était si tentante que nous passâmes la plus grande partie de notre temps à nager. Sur un banc de sable, au-dessus du pont du chemin de fer, nous rencontrâmes un groupe de jeunes nageurs. Entre deux coupes nous nous allongeâmes sur la berge pour les entendre bavarder. Ils avaient un parler tout à fait différent de celui des aventuriers que j’avais hantés jusqu’alors. C’étaient des « gosses du rail ». Je buvais leurs paroles et l’envie de les suivre s’emparait de moi impérieusement.

— Quand j’étais à Alabama, disait l’un… Sur le C. et À. il n’y a pas de marchepieds aux wagons, continuait un autre. Un troisième reprenait : cette aventure se passait dans une petite ville de l’Ohio, sur la ligne Lake Shore and Michigan Southern. Puis un autre : as-tu jamais escaladé le Cannon-Bal l sur la ligne de Wabash ? Non, répondait son compagnon, mais j’ai fait le White Mail en quittant Chicago. Le Northern Pacific ne vaut rien, mais attends d’arriver au pays français de Montréal ; on n’y parle pas un mot d’anglais. Tu dis : « Mongie, Madame, mongie, no spika da French », tu te frottes la panse pour montrer que tu crèves de faim.