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parce que, ma foi, tout simplement… parce que cela me semblait plus facile que de m’abstenir.

Je débutai dans ma ville natale, à Oakland, vers l’âge de seize ans. À cette époque j’avais déjà acquis une renommée prodigieuse dans le monde d’aventuriers où j’évoluais. On me connaissait sous le nom de « Prince des Pilleurs d’huîtres ». Il convient d’ajouter que les individus placés immédiatement en dehors de ce milieu : honnêtes matelots de la baie, caboteurs, yachtmen et propriétaires légitimes des bancs d’huîtres, me traitaient de voyou, de gouape, de voleur, de bandit, et employaient à mon égard d’autres épithètes non moins courtoises, que je prenais pour des louanges. Cette réputation ne servit qu’à augmenter le vertige où me plongeait alors ma haute situation. Plus tard, lorsque je tombai sur la fameuse phrase de Milton dans le Paradis perdu : « Mieux vaut régner en enfer que servir au ciel ! » je m’aperçus que réellement, parfois, les grands esprits se rencontrent.

Un concours fortuit de circonstances me conduisit tout droit vers ma première aventure sur les essieux. Le chômage sévissait