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Lorsqu’à midi le convoi pénétra dans Grand Island, nous étions assis sur le toit des wagons, balançant nos jambes au soleil. Tous les policiers de la ville faisaient partie du comité de réception. On nous conduisit par escouades aux différents hôtels et restaurants où nous trouvâmes la table servie. Nous jeûnions depuis quarante-huit heures ; aussi nous nous mîmes à l’œuvre sans tarder. L’administration de la police avait eu l’excellente idée d’obliger le train à nous attendre. Il s’ébranla lentement et les quatre-vingt-cinq bonshommes, échelonnés sur la voie, prirent les wagons d’assaut.

Ce soir-là nous nous passâmes de dîner, tout au moins les autres, car je fis exception. Juste à l’heure du repas, le convoi quitta une petite ville, et un individu grimpa dans notre voiture où je jouais au pédro avec trois autres types. La chemise de l’homme était gonflée de façon suspecte. À la main il portait un récipient bosselé et tout fumant. Je humai le « java », remis mes cartes à l’un de ceux qui nous regardaient, et lâchai la partie en m’excusant. Puis, à l’autre bout du wagon, poursuivi de coups d’œil envieux, je m’assis à côté du nouveau venu