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Vers la fin de l’après-midi nous atteignîmes Cheyenne. La tempête touchait à son point culminant, et bien que nous n’eussions rien mangé depuis le matin, aucun de nous ne se sentait l’envie d’aller mendier son dîner. Pendant toute la nuit nous roulâmes à travers la tourmente de neige, et le lendemain nous entrions dans les douces plaines de Nébraska. Le soleil étincelait sur une terre souriante, mais nous ne nous étions rien mis sous la dent depuis quarante-huit heures. Nous apprîmes que le convoi arriverait vers midi à Grand Island, si je me souviens bien.

Après avoir réuni entre nous l’argent nécessaire, nous envoyâmes un télégramme aux autorités de la ville. Le texte du message annonçait le débarquement, vers midi, de quatre-vingt-cinq Hoboes affamés et nous ajoutions qu’il serait expédient de leur tenir un déjeuner tout prêt. Les édiles de Grand Island avaient deux moyens d’en sortir : nous nourrir ou nous jeter en prison. Dans cette dernière éventualité, ils devraient tout de même nous sustenter ; aussi prirent-ils la sage précaution de nous offrir un repas, solution d’ailleurs économique entre toutes !