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celui-ci se dressait, furieux, sur ses mains et ses genoux et j’étais projeté en l’air. Ce qui monte au ciel doit en redescendre, et je m’abattis sur le crâne d’un autre.

Les événements qui se déroulèrent ensuite se brouillent un peu dans ma mémoire. J’eus l’impression de passer dans une batteuse mécanique. Je fus lancé comme un paquet d’un bout à l’autre du wagon. Ces quatre-vingt-quatre Hoboes jouèrent ainsi au ballon avec moi jusqu’à ce que mon corps trouvât, par suite de quelque miracle, un peu de paille où se poser. Je venais de payer mon entrée dans cette bande joyeuse.

Tout le reste de la journée, nous roulâmes dans la tempête. Pour tuer le temps, il fut décidé que chacun raconterait une histoire, une bonne histoire, et, surtout, inédite. La pénitence serait la machine à battre. Personne ne faillit à la règle. Jamais de ma vie je n’ai entendu pareille débauche d’aventures. Ici se trouvaient réunis quatre-vingt-quatre lascars venus de tous les coins du monde (je faisais le quatre-vingt-cinquième). Chacun sortit un chef-d’œuvre. Il le fallait, sans quoi le délinquant eût passé à la batteuse.