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Ils ont deux pieds de paille sous eux, et ils sont si nombreux qu’ils se tiennent bien au chaud.

Son conseil me paraissant judicieux, je jugeai bon de le suivre, décidé toutefois, si le garde-frein m’avait conté une blague, à reprendre ma place sur le wagon postal dès que s’ébranlerait le train de voyageurs.

Mais le renseignement était excellent. Je trouvai le wagon en question, un immense frigorifique, avec la porte ouverte pour l’aération. Je grimpai dedans, marchai sur la jambe d’un homme, puis sur le bras d’un autre. Dans la demi-obscurité je distinguais seulement des bras, des jambes et des corps dans un pêle-mêle inextricable. Jamais je n’avais vu une telle confusion de corps humains. Tous les hommes étaient allongés dans la paille, par-dessus, par-dessous, et enlacés l’un autour de l’autre. Quatre vingt-quatre robustes vagabonds étendus de tout leur long tiennent de la place ! Les corps que je piétinais se soulevaient sous moi comme les vagues de la mer et me poussaient en avant. À un certain moment, je perdis pied et tombai assis brusquement sur la tête d’un homme. L’instant d’après