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deviner avant qu’il lût dans ma pensée. Je devais changer d’orientation, sans quoi les méchants policiers me conduiraient vers une cellule, un tribunal et d’autres cellules encore. S’il m’interrogeait le premier, avant que je possédasse son expérience, j’étais perdu !

Croyez-vous que j’aie trahi mon immense perplexité devant ces individus aux yeux de lynx, gardiens de la sécurité publique de Winnipeg ? Pas du tout. J’affrontai ce vieux loup de mer, l’œil joyeux et rayonnant, simulant tout le soulagement qu’éprouverait un homme sur le point de se noyer et qui, d’un dernier geste désespéré, s’accroche à une bouée de sauvetage. Enfin, voici quelqu’un qui comprenait et allait confirmer la véracité de mon récit à la face de ces limiers ignorants ; du moins tel était le rôle que j’essaierais de lui faire jouer. Je me jetai sur lui ; l’accablai de questions sur sa personne. Devant mes juges, je prouverais la bonne foi de mon sauveur avant qu’il vînt à mon secours.

C’était un brave marin, une bonne pâte. Les policiers commençaient à se lasser de mon interrogatoire. Enfin l’un deux m’ordonna de me taire. Je lui obéis, mais mon esprit était fort occupé à créer le scénario de l’acte