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par grappiller quelques aliments dans deux maisons. Ce trésor fourré dans ma chemise, je détalai à toutes jambes pour attraper le train. Il filait déjà à belle allure ! Le wagon-frigorifique où nous devions nous retrouver avait passé, et une demi-douzaine de voitures plus bas, je bondis sur une échelle de côté, escaladai le toit et me laissai choir dans une autre glacière.

Mais un garde-frein m’avait vu et, à l’arrêt suivant, quelques kilomètres plus loin, à Rock Springs, il fourra sa tête dans ma boîte et me cria à tue-tête :

— F…-moi le camp d’ici, chien d’ivrogne ! Et tout de suite !

Là-dessus il me saisit par les pieds et me lança dehors. J’atterris sur la voie et le train spécial d’oranges et le Suédois continuèrent à rouler sans moi.

La neige descendait mollement du ciel et une nuit polaire s’annonçait. À la faveur de l’obscurité, j’explorai les chantiers du chemin de fer et trouvai enfin un wagon-frigorifique vide. Je sautai dedans, non dans les chambres à glace, mais dans la voiture même. D’un coup violent je tirai sur moi les lourdes portes, et leurs bords, garnis de bandes de