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Mon nez n’était pas galeux, et celui du Suédois pas davantage. Je ne saisis pas exactement l’insinuation du bonhomme, mais évidemment notre mine lui déplaisait, et la bière coûtait dix cents le verre.

Plongeant la main dans ma poche, je mis une autre pièce de dix cents sur le comptoir.

— Oh ! pardon, je croyais que c’était seulement cinq cents le verre ! dis-je en manière d’excuse.

— Je ne veux pas de votre argent, répondit-il, en lançant mes deux pièces à travers le comptoir.

Tristement je les remis dans ma poche, tristement nous regardâmes le poêle et les fauteuils, et tristement nous franchîmes le seuil pour nous retrouver dans la nuit glacée.

Au moment où nous sortions, le tenancier, les yeux toujours fixés sur nous, cria encore une fois :

— Vous avez le nez galeux !

Depuis lors j’ai beaucoup vu de pays et de peuples étrangers, j’ai ouvert bien des livres, je me suis assis dans de nombreuses salles de conférences ; mais jusqu’ici, encore que j’y eusse souvent et longuement réfléchi, j’ai été incapable de deviner le sens de cette phrase