Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

conserver une mise décente. Décidément notre apparence nous desservait. Mais qu’importait ? Ne possédais-je pas l’argent nécessaire dans mes profondes ?

— Deux bières ! commandai-je d’un ton détaché.

Tandis que le tenancier nous les tirait, le Suédois et moi nous nous appuyâmes contre le comptoir. En notre for intérieur, nous brûlions d’envie de nous asseoir sur les fauteuils auprès du poêle.

Le bistro posa devant nous les deux verres écumants, et avec fierté j’allongeai mes dix cents. J’étais beau joueur. Aussitôt que je découvrirais mon erreur dans le prix, j’étais prêt à tendre une autre pièce de dix cents. Tant pis s’il ne me restait que cinq cents, à moi étranger dans cette ville inconnue ! Je payerais sans sourciller. Mais le patron ne m’en donna pas le temps. Aussitôt qu’il aperçut les dix cents posés sur le comptoir, il attrapa les deux bocks, un dans chaque main, et renversa leur contenu dans l’évier derrière le comptoir. En même temps il nous foudroya d’un regard chargé de haine et nous jeta :

— Hors d’ici ! Vous avez le nez galeux !