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serait trop froid, car il fendait le vent ; je grimpai donc sur celui de la seconde machine mais je trouvai l’endroit occupé par le corps d’un jeune garçon profondément endormi. En se serrant, il y avait place pour deux. Je poussai le gamin de côté et me fourrai près de lui. Peu de temps après nous ronflions tous deux. Ce fut ce que nous appelions une « bonne nuit » ; les gardes-frein ne vinrent pas nous tracasser. De temps à autre des escarbilles brûlantes ou de brusques cahots me réveillaient ; alors je me blottissais tout contre mon jeune compagnon et repiquais mon somme au toussotement des machines et au grincement des roues. Le Suédois avait trouvé moyen de se loger quelque part sur un des premiers wagons.

Le train s’arrêta à Evanston, dans le Wyoming. Un monceau de débris obstruait la voie. Le cadavre du mécanicien attestait la gravité de la catastrophe. Un vagabond avait également été tué, mais on ne s’était pas donné la peine de retirer son corps. Je questionnai le gamin. Il avait treize ans. Il s’était enfui de la maison de ses parents qui habitaient quelque part dans l’État