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traînait jusqu’à sa couchette. Mon intervention sommaire valait mieux que de courir après un geôlier pour réclamer de l’aide. Et puis, que représentait ici un malade de cette espèce ?

Dans la cellule contiguë vivait un drôle de personnage, un homme qui faisait soixante jours pour avoir goûté au tonneau d’eaux grasses de Barnum : c’est du moins ce qu’il racontait. Ce pauvre crétin, au premier abord, paraissait doux et aimable. Les faits furent reconnus exacts. Il s’était introduit dans l’enceinte du cirque, et, se trouvant crever de faim ce jour-là, il s’était dirigé vers le tonneau de détritus et avait puisé dedans. « Et c’était du bon pain ! affirmait-il fréquemment, mais on ne voyait pas la viande, qui était sans doute au fond. » Un policier l’avait surpris et arrêté, et voilà pourquoi il séjournait ici.

Une fois je passais devant sa cellule avec, dans la main, un morceau de fil de fer. Il me le demanda avec tant d’insistance que je le lui tendis à travers les barreaux. En un clin d’œil, et sans autre outil que ses doigts, il le brisa en morceaux et transforma ceux-ci en une demi-douzaine d’épingles de sûreté.