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et, avec un peu d’adresse, on rend plausible le mensonge le plus éhonté. Un jour, je me trouvais au poste de police de Winnipeg, dans le Manitoba. Je me rendais vers l’Ouest par le chemin de fer du Canadian Pacific. Les policiers voulurent connaître mon « histoire », et je la leur débitai… à brûle-pourpoint. Eux n’avaient foulé que le plancher des vaches : pouvais-je mieux faire que de leur parler de la mer ? Sur ce sujet, ils étaient incapables de contrôler mes dires. Je leur servis donc un épisode larmoyant de ma vie sur le vaisseau d’enfer Glenmore. (J’avais vu une seule fois le Glenmore, mouillé dans la baie de San Francisco.)

J’étais un mousse anglais. Ils contestèrent aussitôt ma prononciation de la langue anglaise. Sur-le-champ je dus trouver une explication : j’étais né et j’avais été élevé aux États-Unis. À la mort de mes parents, on m’avait envoyé en Angleterre, chez mes grands-parents, qui m’avaient fait entrer comme mousse à bord du Glenmore. J’espère que le patron du Glenmore voudra bien me pardonner ; cette nuit-là, dans le poste de police de Winnipeg, je l’ai noirci des méfaits les plus horribles. Quelle cruauté ! Quelle