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Nous avions, entre autres, un jeune Hollandais d’environ dix-huit ans qui tombait du haut mal presque chaque jour. Pour cette raison nous le gardions au rez-de-chaussée, près de notre rangée de cellules, les geôliers de la cour de prison s’en étant déchargés sur notre dos. Il demeurait toute la journée enfermé dans sa cellule avec un cockney qu’on lui avait adjoint comme compagnon. Non que le faubourien de Londres lui fût de quelque utilité. Dès que le Hollandais avait l’écume à la bouche, l’autre devenait paralysé de terreur.

Le pauvre diable ne connaissait pas un traître mot d’anglais. C’était un valet de ferme qui purgeait quatre-vingt-dix jours pour coups et blessures. Ses crises s’annonçaient par des hurlements pareils à ceux d’un loup. Pendant toute leur durée, il restait debout, puis il s’affalait de tout son long sur le carrelage. Dès que j’entendais ses cris féroces, je courais avec un balai vers sa cellule. Mais les hommes de hall n’ayant pas les clefs des cellules, je ne pouvais parvenir jusqu’à lui. Je le voyais cependant au milieu de sa cage étroite, tremblant convulsivement, les yeux roulés à l’envers