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dont nous expédiions les affaires en passant l’amadou. Une rangée de nouveaux arrivants est installée dans les cellules. Vous circulez devant les barreaux avec votre amadou allumé. « Dis, vieux, passe-nous du feu ! » appelle quelqu’un.

Vous êtes averti que cet homme possède du tabac sur lui. Vous lui tendez l’amadou et continuez votre chemin. Un peu plus tard, vous revenez et, comme par hasard, vous vous penchez entre les barreaux. « Hé, vieux, ne pourrais-tu me donner un peu de tabac ? » S’il n’est pas à la coule, il déclarera solennellement, neuf fois sur dix, qu’il ne lui en reste plus un brin. Tout va bien jusque-là. Vous sympathisez avec lui et poursuivez votre route. Mais vous savez pertinemment que son amadou ne lui durera que pour le restant de la journée. Le lendemain, vous vous promenez devant sa cellule, et il vous rappelle : « Dis, vieux, passe-moi du feu ! » Et vous répondez : « Tu n’as plus de tabac, tu n’as donc pas besoin de feu. » Et vous lui en refusez. Une demi-heure après, ou une heure, voire deux ou trois heures après, vous circulerez encore par là et l’homme vous suppliera