Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

toute mon âme et toute ma science. Bien mieux : je gagnai pour lui le cœur de la belle, et je crains fort qu’elle ne fût amoureuse de son soupirant, mais du pauvre scribe que j’étais. Je vous le répète, ces lettres étaient de vrais poèmes.

Un autre de nos petits commerces consistait à « passer l’amadou ». Nous étions les messagers célestes, les porteurs de feu, dans ce monde de fer, de verrous et de barreaux. Quand les convicts rentraient le soir et étaient enfermés dans leurs cellules, ils désiraient généralement fumer. Alors nous ranimions l’étincelle sacrée, parcourant les galeries, allant d’une cellule à l’autre, avec nos amadous rougis. Les plus expérimentés, ou ceux avec lesquels nous brocantions, tenaient leurs amadous prêts à être allumés. Mais tous ne recevaient pas l’étincelle divine. Le type qui ne voulait rien donner se couchait sans fumer. Qu’avions-nous à craindre ? Nous étions toujours les plus forts, et s’il essayait de protester, deux ou trois d’entre nous tombions dessus et lui réglions son compte.

Car voici ce qu’on attendait des hommes de hall. Nous étions au nombre de treize