Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les cuisiniers, les boulangers et les pompiers étaient des prisonniers tout comme moi, et ils habitaient notre hall dans la première rangée au-dessus de la nôtre.

En un mot, tout un système organisé de troc fonctionnait dans ce pénitencier. On y voyait même circuler de l’argent introduit parfois en fraude par des détenus à court terme ; fréquemment il provenait du « salon de coiffure » où les nouveaux arrivants l’avaient déposé vous savez comment, mais la plus grande partie sortait des cellules des prisonniers à long terme. Comment avait-il échoué là ? Mystère.

Étant donné son éminente situation, le « premier homme de hall » avait la réputation d’un gros richard. Outre ses diverses grattes, il nous soutirait des pots-de-vin. Nous exploitions la misère commune, et lui était le fermier général qui nous dominait tous. C’est avec sa permission que nous exercions nos trafics spéciaux, et il nous fallait payer ce privilège. Ainsi que je l’ai dit, il passait pour être riche, mais jamais nous ne vîmes la couleur de son argent ; il vivait seul dans sa cellule, retiré dans sa grandeur solitaire.