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le trust du pain. Une fois par semaine, les hommes qui peinaient dans la cour recevaient une carotte de tabac à chiquer de cinq cents. Cette marchandise était la monnaie courante de notre royaume. Deux ou trois rations de pain pour une carotte était notre étalon d’échange, et les convicts troquaient leur tabac, non parce qu’ils l’aimaient moins, mais parce qu’ils préféraient le pain. Oui, je le sais, cet acte équivalait à voler des bonbons à un enfant, mais qu’y faire ? Tout d’abord il nous fallait vivre. Et, en toute justice, l’esprit d’initiative et d’entreprise devait recevoir sa récompense. Après tout, nous ne faisions que singer nos supérieurs en dehors de ces murs, qui, sur une grande échelle, et sous le respectable déguisement de négociants, de banquiers et de magnats d’industrie, emploient les mêmes ruses que les nôtres. Que de drames horribles auraient pu arriver à ces malheureux sans notre intervention, je n’ose l’imaginer ! Dieu seul sait tout le pain que nous fîmes circuler dans le pénitencier du comté d’Érié ! Somme toute, nous encouragions la frugalité et l’épargne… chez les pauvres diables qui se privaient de leur