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de solliciter l’habeas corpus ; ma figure avait été rasée, mes cheveux coupés courts, on m’avait revêtu de l’infamante livrée à rayures ; on me forçait maintenant à travailler comme un cheval avec un régime de pain et d’eau, et je défilais dans cette marche dégradante sous la surveillance de gardiens. Pour quelle raison ? Qu’avais-je fait ? De quel crime m’étais-je rendu coupable envers les bons citoyens de Niagara Falls pour que tous ces châtiments s’abattissent sur moi ? Je n’avais même pas violé leur règlement interdisant de « coucher dehors ». J’avais dormi au-delà de leur juridiction, cette nuit-là. Je n’avais même pas mendié un repas, ni même des sous dans leurs rues. Je m’étais contenté de marcher sur leur trottoir et de tomber en extase devant leur sacrée cascade ! Et quel mal y avait-il à cela ? Strictement parlant, je ne me reprochais aucun délit. Fort bien ! Je le leur montrerais lorsque je serais libre !

Le lendemain j’interpellai un gardien. Je voulais à toute force que l’on me procurât un avocat. Le bonhomme éclata de rire. Ainsi firent les autres geôliers à qui je m’adressai. J’étais, en vérité, sans communication