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dans la cour de prison pour travailler.

Le canal Érié coule au fond de la cour du pénitencier du comté. Notre tâche consistait à décharger les bateaux, à porter sur nos dos, jusqu’à la prison, d’énormes pièces de fer. Tout en trimant, j’étudiais la situation et supputais les chances d’une fuite. Il n’y en avait pas l’ombre. Au sommet des murs extérieurs, sur une espèce de chemin de ronde, circulaient des gardiens armés de fusils à répétition ; en outre, des mitrailleuses étaient braquées sur nous dans les tourelles des sentinelles.

Je ne me tracassai pas pour autant. Trente jours, après tout, s’écouleraient assez vite. Je les passerais donc, tout en accumulant des témoignages que j’emploierais, une fois sorti, contre les harpies de la justice. Je leur ferais voir ce dont était capable un jeune Américain qui s’était vu refuser le droit d’être jugé par un jury, le droit de se défendre, de plaider innocent ou coupable. On m’avait refusé même un jugement (je ne pouvais considérer comme un jugement ce qui s’était passé à Niagara Falls). On m’avait refusé de recourir à un avocat ou à toute autre personne, et par là même on m’interdisait