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LE CHINAGO

chercher comment la réparer : mais il savait qu’on lui avait donné l’ordre de conduire ce Chinago à Atimaono, et son devoir était d’obéir.

Un jour, voilà longtemps, il avait essayé de réfléchir pour eux, et son brigadier lui avait dit : « Cruchot, vous êtes un sot ! Plutôt vous le saurez, mieux cela vaudra pour vous. Vous n’avez pas à penser : vous n’avez qu’à obéir et laisser la réflexion à vos supérieurs. »

Il rougissait encore au souvenir de cette réprimande. En outre, s’il retournait à Papéiti, il retarderait l’exécution à Atimaono, et au cas où il se serait trompé en revenant sur ses pas, il recevrait un blâme du maréchal des logis qui attendait le prisonnier et il en recevrait un autre de ses supérieurs à Papéiti.

Il toucha les mules du fouet et remit la voiture en marche. Il était déjà une demi-heure en retard, et le margis serait sûrement en colère. Il pressa un peu l’attelage. Plus Ah-Cho persistait à expliquer l’erreur, plus Cruchot s’obstinait dans son mutisme. La conscience qu’il n’avait pas affaire au vrai condamné n’améliorait pas son humeur. L’idée que ce n’était pas sa faute lui faisait prendre sa mauvaise action pour une bonne conduite.