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LE CHINAGO

Ah-Cho commençait à se sentir vaguement alarmé.

— Tu n’y travailleras certainement plus après aujourd’hui, dit le gendarme en riant de bon cœur. — Il appréciait la plaisanterie. — Vois-tu, tu ne pourras plus travailler à dater de ce jour. Un homme sans tête ne peut pas travailler, hein ?

Il donna un coup de pouce dans les reins du Chinago en pouffant de rire.

Ah-Cho garda le silence pendant que les mules trottaient en parcourant un autre kilomètre sous le soleil ardent. Puis il demanda :

— Est-ce que Van Hooter va me couper le cou ?

Cruchot sourit en faisant un signe affirmatif.

— Il y a erreur, dit gravement Ah-Cho. Je ne suis pas le Chinago à qui l’on doit couper le cou. Je suis Ah-Cho. L’honorable juge a décidé que je passerais vingt années en Nouvelle-Calédonie.

Il enfla ses joues et essaya d’affecter un air terrible.

— Je te dis et redis que je ne suis pas… risqua encore Ah-Cho.

— Silence ! rugit le gardien.

Après cela ils roulèrent longtemps sans