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LES TEMPS MAUDITS

Cruchot, malgré son esprit lourd, s’en étonna.

— Tu es bien gai ! remarqua-t-il.

Ah-Cho fit un signe affirmatif et redoubla de bonne humeur. À la différence du juge, le gendarme lui parlait en canaque, langue connue de tous les diables blancs, y compris Ah-Cho.

— Tu ris trop ! avertit le gendarme. En un pareil jour, on devrait avoir le cœur plein de larmes.

— Je suis content d’être sorti de prison.

— C’est tout ça qui te fait rire ?

Le gendarme haussa les épaules.

— N’est-ce pas assez ?

— Ce n’est point parce qu’on va te couper la tête que tu es content ?

Ah-Cho le regarda avec une perplexité soudaine et déclara :

— Mais je vais à Atimaono pour travailler sur la plantation sous les ordres de Van Hooter. Ne me mènes-tu pas à Atimaono ?

Le gendarme caressa pensivement ses longues moustaches.

— Diable, diable ! dit-il enfin en faisant claquer son fouet. Ainsi tu ne sais rien ?

— Qu’y a-t-il à savoir ? Van Hooter ne veut-il plus que je travaille pour lui ?