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LE CHINAGO

rédigea l’ordre, sa main tremblait tellement et les yeux lui faisaient si mal qu’il ne relut pas ce qu’il venait d’écrire. Après tout, ce n’était que l’arrêt de mort d’un Chinago. Il ne s’aperçut pas qu’il avait omis la dernière lettre du nom d’Ah-Chow. L’ordre portait donc le nom d’Ah-Cho, et quand Cruchot présenta cet ordre au geôlier, celui-ci lui livra le détenu Ah-Cho. Cruchot fit monter le prisonnier près de lui sur le siège d’une voiture derrière les deux mules et prit les rênes.

Ah-Cho était heureux de se retrouver au soleil. Assis près du gendarme, il rayonnait. Il devint plus radieux que jamais en constatant que les mules prenaient la direction du sud, vers Atimaono. Sans nul doute Van Hooter avait besoin de lui pour le travail. Très bien, il s’acharnerait à la besogne ; jamais il ne donnerait à Van Hooter l’occasion de se plaindre.

La journée était chaude, l’alizé ne soufflant pas ce jour-là. Cruchot transpirait, et Ah-Cho en faisait autant. Mais c’était Ah-Cho qui se souciait le moins de la chaleur. Il trimait depuis trois ans sur cette plantation. Radieux, il débordait de belle humeur à tel point que