— Il a toujours été comme cela, dit sa mère.
— Maintenant, va-t’en, maman, et laisse-moi finir mon somme.
Jeannot parlait d’une voix calme et, s’enroulant dans ses couvertures, il se rendormit doucement.
À dix heures, il s’éveilla, s’habilla, puis passa dans la cuisine, où il trouva sa mère avec un visage inquiet.
— Je m’en vais, maman, annonça-t-il, et je viens seulement te dire au revoir.
Levant les bras au ciel, elle s’écroula sur une chaise et se mit à pleurer. Il attendit avec patience.
— J’aurais dû m’en douter, dit-elle en sanglotant. Où vas-tu ? demanda-t-elle enfin, éloignant son tablier de sa figure et le regardant avec un abattement mêlé de curiosité.
— Je n’en sais rien. N’importe où.
En prononçant ces mots, il voyait en lui-même, avec une netteté éblouissante, l’arbre de l’autre côté de la rue. Cette vision semblait tapie sous ses paupières et prête à se réaliser quand il voudrait.
— Et ton travail ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.
— Je ne travaillerai jamais plus !