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LES TEMPS MAUDITS

se débattre ni s’accrocher à la literie quand elle essaya de le découvrir.

Il demeura tranquille et parla d’un ton tranquille :

— C’est inutile, maman.

— Tu vas être en retard, dit-elle, sous l’impression qu’il était encore abruti de sommeil.

— Je suis bien éveillé, maman, et je te répète que c’est inutile. Tu feras mieux de me laisser en paix. Je ne veux point me lever.

— Mais tu vas perdre ton emploi ! s’écria-t-elle.

— Je ne me lèverai pas ! déclara-t-il d’une voix étrangement calme.

Elle-même n’alla point à l’usine ce matin-là. Voici une maladie différente de toutes celles qu’elle connaissait. Elle pouvait comprendre la fièvre et le délire, mais ceci était de la folie. Elle le recouvrit et envoya vivement Eugénie chercher le médecin.

Quand ce personnage arriva, Jeannot dormait paisiblement : il s’éveilla de même et se laissa tâter le pouls.

— Il n’a rien, déclara le médecin. Il est très affaibli, voilà tout, et n’a guère de viande sur les os.