Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE RENÉGAT

allumé au-dessus de sa tête : lui-même faisait partie du mécanisme.

Il se trouvait très heureux dans cet emploi, en dépit de la chaleur humide, car il était encore jeune, en proie à des songes et à des illusions. Et il concevait des rêves merveilleux en regardant la fuite incessante du tissu. Mais ce travail ne lui procurait pas d’exercice, ne faisait aucun appel à son intelligence, si bien qu’il rêva de moins en moins, son esprit s’engourdit et devint somnolent. Néanmoins, il gagnait deux dollars par semaine, et deux dollars représentaient la différence entre la famine aiguë et l’insuffisance chronique de nourriture. Mais, à neuf ans, il perdit sa place. La rougeole en fut cause. Après sa guérison, il trouva de l’embauche dans une verrerie. Il était mieux payé, et le travail exigeait quelque habileté. C’était du travail aux pièces, et plus il se montrait adroit, plus il gagnait d’argent. Sous l’impulsion de ce stimulant, il s’affirma un ouvrier remarquable.

L’opération ne présentait aucune difficulté : il s’agissait d’attacher des bouchons de verre sur des flacons. Il portait à la taille un peloton de ficelle et tenait le récipient entre ses