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LES TEMPS MAUDITS

Des reniflements prolongés parvinrent à Jeannot de la cuisine, et Jeannot se murmura au moment où ses yeux se fermaient : J’te crois que je travaille régulièrement !

Le lendemain matin, il fut littéralement arraché de son sommeil par sa mère. Puis vinrent le maigre déjeuner, la marche dans l’obscurité, la pâle lueur du jour à travers les découpures des toits de l’entrée de l’usine. Un nouveau jour commençait entre tous les jours, et tous se ressemblaient.

Quelques diversions s’étaient cependant produites dans sa vie, au moment où il changeait d’emploi et quand il était malade. À l’âge de six ans, il tenait le rôle de petit père et de petite mère envers Will et les autres plus jeunes. À sept ans, il entra dans la filature, pour enrouler les bobines. À huit ans, il trouva de l’ouvrage dans une autre filature. Sa nouvelle tâche était extraordinairement facile. Il n’avait qu’à rester assis, un petit bâton dans les mains, et à guider un flot de tissu qui coulait devant lui. Ce flot sortait de la mâchoire d’une machine, passait sur un rouleau chaud et continuait sa route ailleurs. Mais il devait rester toujours à la même place, dans un coin obscur, avec un bec de gaz