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LE RENÉGAT

grand ! grogna Jeannot. Voilà ce qu’il te faut. Tu devrais travailler : et maman devrait t’envoyer à l’usine.

— Mais il est trop jeune ! protesta-t-elle. Ce n’est qu’un petit garçon.

— J’étais plus jeune que lui quand j’ai commencé à travailler.

Jeannot ouvrait encore la bouche, sur le point d’exprimer le sentiment d’injustice qu’il éprouvait, mais il la referma brusquement. Tournant d’un air sombre sur ses talons, il rentra dans la maison et alla se coucher. La porte de sa chambre restait ouverte pour laisser pénétrer la chaleur de la cuisine. En se déshabillant dans la pénombre, il entendit sa mère causer avec une voisine qui venait d’entrer. Sa mère pleurait et ponctuait ses paroles de soupirs de détresse.

— Je ne peux pas comprendre ce qu’a mon Jeannot dans le corps, disait-elle. Il n’était pas comme cela autrefois. Il était patient comme un ange…

« Et c’est un bon garçon, s’empressa-t-elle d’ajouter pour sa défense. Il travaille régulièrement, et il a commencé jeune. Mais ce n’était pas ma faute. Je fais de mon mieux, je vous le jure ! »